Burger sans viande, fromage sans laitage ou encore cocktails sans alcool, nous sommes entrés dans une ère de consommation de produits de « compromis » ou le mot d’ordre semble être la « modération ».

Quand la modération a bien meilleur goût

Ces produits alternatifs connaissent une croissance fulgurante car ils répondent à un besoin de consommer mieux tout en conservant l’essence des produits d’origine. Par exemple, la SAQ a récemment exprimé sa volonté d’élargir sa gamme de boissons sans alcool, une catégorie en plein essor. Cela illustre l’évolution des attentes des consommateurs, qui cherchent des produits plus sains tout en préservant le plaisir des moments de consommation sociale.

Une quête d’amélioration personnelle?

Les consommateurs d’aujourd’hui ne cherchent pas seulement à modérer leur consommation pour des raisons de santé, mais aussi pour se sentir en accord avec des valeurs éthiques et environnementales. La montée en puissance des produits végétaux en est un exemple frappant. Lactalis Canada, connu pour ses produits laitiers comme le fromage Black Diamond et le yogourt Astro, a amorcé un virage vers le végétal, réaffectant même une usine en 2022 pour produire une nouvelle gamme de produits à base de plantes. Ce mouvement vers des produits plus « responsables » reflète une volonté collective de consommer plus intelligemment, tout en ayant un impact positif sur la planète.

Authenticité vs compromis, une frontière délicate!

L’un des défis majeurs dans l’innovation alimentaire est de maintenir un équilibre entre innovation et authenticité. Certains produits sont tellement ancrés dans des traditions culturelles qu’ils deviennent presque « intouchables ». Cette notion de « sacralité » alimentaire joue un rôle clé dans la perception des consommateurs. Pour beaucoup, ces produits sont non seulement des aliments, mais aussi des symboles de patrimoine, d’histoire, et d’identité culturelle.

Un exemple récent tiré d’un focus group que notre équipe a mené visait à explorer la démocratisation des usages d’un produit traditionnellement utilisé dans la cuisine asiatique. Les participants ont été invités à réagir à l’utilisation de ce produit dans des plats emblématiques québécois, tels que le pâté chinois, les spaghetti à la viande, et les burgers de bœuf. Les réactions ont montré que ces tentatives de modification peuvent être perçues comme une atteinte à l’authenticité et à la tradition, ce qui peut entraîner une forte résistance des consommateurs.

De même, la viande de culture, bien que prometteuse en matière de durabilité et de bien-être animal, fait face à des réticences similaires. Pour de nombreux consommateurs, l’idée de consommer une viande qui n’a jamais été issue d’un animal vivant remet en question non seulement l’authenticité du produit, mais aussi sa valeur culturelle et symbolique. Cette résistance montre à quel point les traditions alimentaires sont profondément enracinées.

Le besoin de préserver les traditions

Les consommateurs ressentent souvent un besoin de préserver leurs traditions culinaires pour garantir la continuité de leur patrimoine. Cette conservation des traditions s’oppose parfois aux mouvements d’innovation alimentaire. Les producteurs et transformateurs doivent donc naviguer entre répondre aux nouvelles attentes des consommateurs en matière de santé et de durabilité, tout en évitant de bouleverser certains produits qui sont devenus des symboles culturels.

Les échecs du passé des produits trop révolutionnaires

Certains produits trop avant-gardistes ont échoué à s’imposer en raison de cette rupture perçue avec les traditions. Quelques exemples :

  • Le « New Coke » (1985) : Coca-Cola avait tenté de moderniser sa recette pour affronter la concurrence, mais le public a vivement rejeté ce changement, accusant la marque de trahir son héritage. Coca-Cola a dû réintroduire sa recette originale, soulignant ainsi l’attachement des consommateurs à certains produits « intouchables ».
  • Substituts de viande dans les plats traditionnels : Dans plusieurs pays européens, les tentatives de remplacer la viande dans des plats traditionnels, comme la saucisse de Francfort en Allemagne ou le jambon ibérique en Espagne, ont été mal reçues. Ces substituts, bien qu’appréciés ailleurs, peinent à s’imposer lorsque l’authenticité culturelle est perçue comme menacée
De quoi sera fait l’avenir ?

Dans 20 ou 30 ans, à quoi ressembleront nos assiettes ? La tendance vers les produits de compromis semble inéluctable, mais jusqu’où ira-t-elle ? Peut-être vivrons-nous dans un monde où les alternatives végétales et les protéines cultivées en laboratoire auront complètement redéfini notre alimentation.

Dans ce futur, l’innovation pourrait aller encore plus loin. Imaginez un monde où chaque aliment serait personnalisé en fonction des besoins nutritionnels et des préférences de chacun. La personnalisation, grâce aux progrès technologiques et à la bioingénierie, pourrait devenir le standard de demain.

Mais une question persiste : Comment le besoin de préserver les traditions culinaires pourra-t-il coexister avec l’innovation technologique ? C’est un équilibre que producteurs et transformateurs devront continuellement ajuster.

L’importance de tester et comprendre : assurer le succès des innovations produits

Dans cet environnement en constante évolution, innover sans tenir compte de la réaction des consommateurs peut s’avérer risqué. C’est pourquoi il est essentiel de sonder les consommateurs et de tester les nouveaux produits avant leur mise sur le marché. Grâce à notre expertise en études qualitatives, notamment par l’organisation de groupes de discussion, nous avons aidé de nombreux clients à affiner leur stratégie, à mieux cerner les attentes du marché et à assurer le succès de leurs innovations. Ces retours permettent d’évaluer l’acceptabilité des compromis, tout en préservant l’essence du produit.